La très lente croissance des feuillus dans la construction

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Fordaq JT
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Les webinaires sont-ils des outils de promotion du bois, d'information professionnelle, des outils de décision et de prescription ? Convient-il de les gérer comme Abibois avec un seul interlocuteur (Olivier Gaujard) ou comme Francîlbois associé à Fibois Haut-de-France avec un sujet vaste, de nombreux intervenants complémentaires ? Pour l'instant, le média est en mode expérimental, il n'y a pas de réponse. Sinon celle qui s'applique à tous les médias, selon laquelle les adressats professionnels veulent de l'information, encore de l'information et toujours de l'information. Pas de la promotion. Sauf que ces webinaires ne sont pas gérés par des professionnels de l'information. De leur côté, les pros de l'information ne sont pas actuellement en mesure de proposer des webinaires entrecoupés de pages de publicité qui les financeraient, à moins de recourir à ces formules mixtes de soutien par FBF et/ou Codifab qui semblent un peu menacées par les perspectives de diminution des budgets. Ou de faire payer, oui, payer les consommateurs des webinaires...

Pour l'heure, les webinaires proposés ont l'attrait de la nouveauté et ils constituent tous des sources d'information. Au prescripteur e faire son miel, comme au journaliste. On peut consacrer 90 minutes à un sujet, sans les déplacements, les petits fours et les contacts souvent plus importants que le sujet pour lequel on s'est déplacé. Les organisateurs ont mobilisé le directeur adjoint de FCBA, André Richter, qui connaît bien le sujet et on fait un peu comme d'habitude, on balise le sujet en partant de l'expertise de FCBA. Malheureusement, le discours reste un peu flou alors qu'on aurait besoin d'informations précises sur la faisabilité. Les auditeurs savent que la scierie Lefebvre a brûlé, et on n'apprend pas quand on pourra disposer des résultats des tests en cours, est-ce si difficile à préciser ? A défaut, bien sûr, d'informations concrètes sur les performances de ces poteaux en BLC de hêtre. Où en est la normalisation du BLC de feuillus, c'est une question essentielle, faut-il attendre les questions des auditeurs pour daigner l'aborder ? Peut-on donc construire sans cette normalisation, avec des planches comme il y a dix ans ? Quid du plan feuillus de l'année dernière, il est donc enterré ? Quid de l'homologation des tests proposés par Fibois pour le peuplier, et de la mise au ban des tests visuels existants ? Quid des tests destructifs des poutres en BLC permettant éventuellement d'atteindre de hautes performances, quitte à sacrifier les éléments finalement détruits ? Pourquoi ne pas relever un peu la barre du niveau des informations et gagner du temps sur un sujet qui n'avance pas ? 

La réponse, c'est précisément que c'est parce ce que ça n'avance pas. Terres de Hêtre peine à présenter de nouvelles opérations, la massification se fait attendre, Epamarne ne dispose même pas d'une référence concrète, les feuillus, c'est comme les tours en bois, on en parle, on en parle, mais rien ne sort. Ce qui n'est pas tout à fait vrai quand on entend Laurent Baillet. Au départ, on est un peu effrayé par le rappel sempiternel d'opérations si anciennes. Laurent Baillet devrait aujourd'hui construire en peuplier à tour de bras, vu le savoir accumulé. Pour autant, son intervention vaut de l'or car il a la connaissance pratique de la matière. 

Chez Epamarne, quand un auditeur pose la question de la compétence des architectes du bois en matière de feuillus, Sébastien Nerva botte en touche. Bien sûr qu'il y a un manque de compétence, il y a un manque de tout. La question fondamentale, c'est celle de la détermination de la filière à y aller, et le sabordage du plan feuillus montre un peu où on en est aujourd'hui. On ne sent pas une détermination, sauf chez Fibois Haut de France et quelques acteurs épars. Ce n'est pas non plus une grande cause nationale, identifiée jusqu'au ministère de l'agriculture en relais de l'Europe. La question principale est celle-là, pourquoi est-ce que l'Europe manque de détermination en matière d'utilisation de feuillus pour la construction ? Pour l'instant, il y a des discours et du bricolage. Un travail de fond nécessaire est mené, mais à ce rythme, on n'y arrivera jamais. Comme si c'était déjà si difficile de placer un peu d'ossature bois face au parpaing qu'il ne faut pas en demander trop. Malheureusement, ça se sent, jusque dans le webinaire et malgré la volonté et l'intérêt affiché par l'équipe jeune et enthousiaste de Francîlbois. Mieux vaut d'ailleurs ne pas parler de la façon dont la filière a géré ces dix dernières années les traitement haute température du bois. 

Le président de l'ONF a été nommé il y a 18 mois pour une mission de regroupement de la filière bois sans aucun résultat tangible. Peut-être qu'à défaut de travailler sur des abstractions, il serait utile de nommer un Monsieur feuillus dans la construction, un porte-parole, pourquoi pas Laurent Baillet, un booster de la construction en feuillus en France, avec des objectifs chiffrés ambitieux. Ou Adivbois. La filière bois est une filière d'avenir si elle prend à bras de corps la question de la valorisation des ressources locales et feuillues, on dispose maintenant à peu près des bases, mais maintenant, il faut construire ! Espérons que le prochain webinaire sur la question traduira la proximité de ce sujet avec la réalité de la construction. Car on sait maintenant, enfin, que la construction en feuillus n'est pas une vue de l'esprit, c'est un défi d'ingénierie, mais avec beaucoup d'avantages à la clef. Dont l'avantage carbone en cas de circuit court, celui de la balance commerciale, des tissus de transformation locaux. 

Autant la filière manque de détermination, autant il convient de rendre hommage à l'énergie inouïe que demande un tel développement sur le plan des individus, qu'il s'agisse de la scierie Lefebvre, de Laurent Baillet, de Terres de Hêtre et de tant d'autres. Mais justement, cette débauche d'énergie ne suffit pas si elle est sabordée par la passivité de fait des autres acteurs. Le sinistre de la scierie Lefebvre est la pierre de touche de la réalité de l'engagement français en matière de feuillus dans la construction. Va-t-on baisser les bras ou se retrousser les manches ? Actuellement, les meilleurs relais de ce défi semblent être les interprofessions régionales, qui tissent des réseaux économiques locaux et qui échangent entre elles. Mais encore une fois, cela ne semble pas suffisant pour avancer. 

 

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