Coronavirus : l'aval de la filière bois également à l'arrêt

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L'aval est devenu le reflet de l'amont alors que la situation était parfois bien différente en début de cette semaine. On s'achemine vers un arrêt quasi total à partir de la fin de la semaine. Ce qui crée une situation inédite mais simple, à partir de laquelle on entrevoit déjà un redémarrage complexe. 

Parmi les raboteries industrielles, seules deux, ISB et Lignalpes, sont encore ouvertes, mais fermeront également en fin de semaine, explique Arnaud Hétroit, le directeur du Commerce du bois. Toutefois, ces fermetures sont subies et liées d'un côté à l'arrêt des commandes et de l'autre à l'impossibilité de livrer les produits finis. Parfois, la poursuite de l'activité se fait au regard de la nécessité d'approvisionner les chaufferies de hôpitaux de connexes. 

Chez les importateurs, Henry Timber pour SAMSE et CIBM pour Saint-Gobain ont cessé leur activité en début de semaine, mais il existe toujours une activité de réception des camions qui sont sur la route, et des conteneurs. Chez CABD, sur 30 clients, 28 ont fermé, explique Arnaud Hétroit. Jammes  à Bordeaux a fermé suite à la fermeture de ses clients industriels de la menuiserie (escaliers, fenêtres...). L'industrie du panneau a suspendu son activité. Parisot a fermé.

Après être restées ouvertes en mode drive uniquement, les grandes chaînes de négoces spécialisées bois ont fermé pour la plupart lundi soir (Bois et Matériaux, Dispano, Samse...) victimes collatérales de l'arrêt brutal des chantiers qu'ils soient publics ou encore privés explique Arnaud Hétroit. Idem chez les groupements de négociants indépendants (Gedibois, Nebopan). Quelques négoces spécialisés sont restés ouverts au sein du groupement Sylvalliance, c'est le cas par exemple du groupe Barillet ou encore de Drouaire Bois négoce francilien. Toutes les agences restées ouvertes se sont adaptées : ouverture uniquement aux professionnels, retrait en mode drive des commandes passées à distance (téléphone, mail ou internet), effectif réduit et surtout mesures de prévention afin d'éviter tout risque de contact et de transmission du virus entre salariés et clients. Parfois ce sont les patrons qui assurent, avec l'aide d'un salarié ou deux, le dépannage des clients. D'autant que malgré tout, certains chantiers se poursuivent et s'achèvent encore en province, notamment artisanaux.

La situation évolue en fait de jour en jour, même si l'on tend pour la fin de la semaine à un arrêt quasi total et inédit d'une grande partie de la filière. Arnaud Hétroit : "En début de semaine, les acteurs du marché étaient encore confiants et tous avaient mis en place des mesures de prévention. La situation est très vite devenue intenable au cours de la journée de lundi où chacun avait déjà en-tête les mesures de confinement qui seraient annoncées le soir par le Président. Au final, les - Nous sommes en guerre - et - Restez chez vous - ont  été plus fort que le second message, de nécessaire continuité de l'activité économique". Il semble y avoir eu, en matière de réaction et de décision imprésariale, un clivage générationnel entre les trentenaires de la génération Y et les cinquantenaires de la génération X, moins enclins à fermer. Les échanges sont nombreux entre organisations syndicales et pouvoir politique pour entrevoir, début de semaine prochaine, une reprise de l'activité de production et de distribution explique Arnaud Hétroit. Dans un contexte de repli des salariés, relayé par des leaders syndicaux, il conviendra de rassurer et de faire respecter les mesures de prévention mises en place. L'Etat devra avoir un message plus clair sur la nécessaire poursuite de l'activité économique, tout en respectant les règles sanitaires en vigueur conclut Arnaud Hétroit.

Quant aux grands constructeurs bois, Ossabois a fermé ainsi qu’Arbonis. Cet écroulement qui sait passager est la résultante d'un cocktail explosif : d'une part, les mesures gouvernementales et le brusque revirement de jeudi dernier, accéléré le week-end. D'autre part, la crainte des employeurs d'encourir une responsabilité pénale si l'un des employés venait à être atteint. La difficulté de mettre en place des mesures de prévention dans une situation de pénurie de moyens disponibles. S'ajoute tout simplement la baisse des commandes, les difficultés de passer des commandes et la situation des employés qui doivent s'adapter à de brusques mesures de confinement pour leur famille, faire des provisions et digérer toutes sortes de rumeurs. La situation sanitaire et son évolution sont une chose. La désintégation économique en est une autre. Pour l'heure, la fermeture totale de l'activité est encouragée encore par les possibilités envisagées de réduire les transports professionnels à l'essentiel et les déclarations gouvernementales concernant le chômage partiel.

Pourtant, d'ores et déjà, on perçoit les appels gouvernementaux qui demandent aux employés des secteurs clés de retourner au travail. Le gouvernement fait face à de multiples cas où le périmètre de ce qui est économiquement vital se dessine et évolue. Par exemple, il se pose la question de l'hébergement des personnes sans-abri ou de la création de capacités d'accueil en tout genre, souvent éphémères. Il n'est pas sûr que la filière bois soit reléguée pour longtemps au statut de secteur économique non vital. 

 

 

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