Mouvements dans la construction bois

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Fordaq JT
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Comme les augures annoncent une grave crise et comparent à 2007, la concentration de la filière construction bois est un peu comme une prémisse. Mais quand on quitte les considérations économiques mondiales et floues, et qu'on se concentre sur le marché français de la construction bois, Techniwood et Woodeum sont deux hirondelles qui ne font pas forcément le printemps.

En ce qui concerne Woodeum, Alterea était déjà dans le capital, donc la famille Taravella a regardé comment les choses se passent. Et, ma foi, elle se passent plutôt bien. Premièrement, après quelques années de tâtonnement, Woodeum aligne des opérations qui se succèdent les unes après les autres de façon un peu affolante pour les compétiteurs. Quand on regarde le Flora à Meudon, le plus gros ensemble de logements en bois construit actuellement, on se rend compte que ce n'est qu'un petit lot entouré d'immeubles en béton et encore en béton. Il y a de la marge, surtout quand on s'interroge sur les qualités émissives réelles de la construction traditionnelle.

Woodeum vient de Bois&Futur après un sinistre à Rennes, un changement de nom puis l'arrivée tonitruante du "plus jeune patron du CAC 40" qui en a fait une très belle affaire. Parallèlement, la branche bureaux WO2 s'est considérablement développée et a levé des fonds gigantesques. Admettons que Guillaume Poitrinal est un homme d'affaires avisé, il cède Woodeum au moment où il devient clair que la formule marche. Selon sa biographie c'est son comportement typique. Est-ce que cela veut dire que le marché du logement sombre ? Certes, la FFB tire le signal d'alarme. Mais la réalité est un peu différente. Ce qui sombre, c'est un passé qui n'aurait jamais dû avoir lieu depuis le Grenelle de l'environnement, une débauche de promotion en béton, de surdensification urbaine. Pas la construction biosourcée qui de toute façon reste une niche.

Autre hirondelle, Techniwood. Une émanation d'Ecologgia qui n'a pas fait partie de la vente, même si les Pelissier restent aux commandes de Techniwood sous Léon Grosse. Allez comprendre. On peut en effet comprendre Léon Grosse, sans les Pelissier, Techniwood est un peu une coquille vide. Par ailleurs, on peut aussi se fier à eux, les Pelissier ont besoin de capitaux pour que le Panobloc atteigne ses sommets. Pour l'heure, le Panobloc est une solution de façade formidable, mais trop chère. Léon Grosse dispose en son sein d'un façadier peu présent en France. Le voilà pourvu d'une petite merveille, qu'il va intégrer dans une approche façade comme cela n'a jamais été fait. Objectif Léon Grosse, quadrupler le CA de Techniwood. Cela peut faire partie des déclarations de rachat sans vrai fondement, mais pourquoi mettre des doutes sur une équipe qui a réussi à développer une solution unique au monde, qui en fait devrait se ronger le frein de ne pas l'exporter beaucoup plus. Justement, le façadier de Léon Grosse va le faire et si le marché français regimbe le Panobloc servira ailleurs.

L'histoire de Techniwood cadre exactement avec l'atelier B4 du Forum Bois Construction (14 avril à Lille), centré sur l'évolution vers les systèmes de façades. Une fois de plus, Techniwood est en avance. Comment faire des façades bois correctement sans être en prise directe avec un façadier ? Et pour Woodeum, même s'il s'agit désormais d'un monstre en construction bois, c'est un nain en promotion immobilière de logements. On change donc de registre.

L'an prochain, il y aura comme jamais de la main-d'oeuvre qualifié pour la construction bois sur le marché. L'Arboretum et le Village des Athlètes auront créé un immense terrain d'apprentissage. La construction bois va se banaliser. Et la RE2020 version 2025 va resserrer les vis, sauf si le dispositif est détricoté. Altarea et Léon Grosse ne penchent pas sur le détricotage, il suffit d'ailleurs de regarder la météo. La grande crise économique annoncée par référence à 2007 est une pichenette à côté de la crise climatique en marche.

Face à l'opinion publique en permanence influencée contre le bois énergie et les récoltes d'arbres, l'économie climatique avance (ne plus dire "transition" car on y est sans transition). Dans cette économie, le bois ne coûte pas cher en ce moment, et cela pourrait rester le cas car il va falloir intervenir massivement en forêt pour empêcher que les arbres pourrissent sur pied. Les arguments sur la cherté de la construction bois deviennent des poncifs de non spécialistes. En pleine massification, Woodeum et Techniwood vont sans doute gommer ces poncifs.

Pour l'économie du BTP française, ces mouvements sont finalement des bonnes nouvelles, car elles renforcent l'avance du BTP dans sa reconversion. Quant aux charpentiers, c'est le moment de se faire courtiser. D'autant qu'Eiffage a réussi son coup avec Savare.

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